Intéressé par les figures archaïques qui ramènent aux origines de la forme, Markus Lüpertz se penche avec Hercule, l’un des héros les plus célèbres de la mythologie grecque, sur la notion de force contenue. Le corps appuyé rappelle ainsi certaines représentations antiques telles que l’Hercule Farnèse (d'après un modèle du IV^e siècle av. J.-C.). Au-delà de la recherche sur les corps, l’artiste interroge ici avec force la plasticité et la densité du bronze. Il reprend également la question de la série, essentielle dans son processus créatif, en peignant les sculptures avec des couleurs qui diffèrent dans chacune des versions.

Daphné, qui signifie « laurier », est une nymphe dont l’histoire est racontée dans les Métamorphoses d’Ovide. Pour déjouer le désir fou d’Apollon, la nymphe invoque l’aide de son père, le dieu fleuve Pénée, qui la transforme en laurier. L’arbre est ici repris par Markus Lüpertz comme un prolongement de Daphné avec une opposition entre le bronze laissé brut et la matière peinte qui évoque les frontières poreuses entre la pratique de la peinture et la sculpture. Le travail de la matière et la posture du corps de Daphné font écho aux recherches expérimentées par le peintre dans ses tableaux.

Lüpertz a réalisé plusieurs monuments à des personnalités essentielles des arts, tels Mozart, Hölderlin ou Fragonard. L'artiste français Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), figure phare de la peinture de la fin du règne de Louis XV et de celui de Louis XVI, est investi sous de multiples formes, formats et techniques, du papier au plâtre jusqu’au bronze. La peinture, toujours présente chez Markus Lüpertz, vient notamment ici recouvrir la palette posée au pied. L’emplacement de cette sculpture fait écho aux collections du musée des Beaux-Arts d’Orléans, riches en œuvres contemporaines de l’artiste présentées au premier étage du musée.

La pose d’un homme qui marche, au talon relevé, peut évoquer la vulnérabilité de ce héros de la guerre de Troie décrit par Homère. Il s’agit surtout ici d’une recherche formelle et plastique ayant amené l’artiste à prolonger dans l'espace ses corps développés sur la toile. Les influences sont multiples, de Rodin à Giacometti. La monumentalité des œuvres de Lüpertz est caractéristique du rôle qu’il confère à l’art comme devant avoir une place importante dans la ville et être porté aux yeux de tous. L'emplacement de cette sculpture devant l'École d'art fait écho au rôle joué par Lüpertz comme directeur de l'Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf de 1988 à 2009.

Markus Lüpertz réinterprète la figure antique de l’Hermès criophore (portant un bélier sur ses épaules). Il s’inspire des Kouroï grecs du VI^e siècle av J.C – statues représentant des hommes nus, les bras contre le corps et la jambe gauche en avant – pour donner à son Berger une monumentalité simple, tout en laissant apparaître quelques irrégularités sur la surface. La tête mise en couleur rappelle le processus de création de cet artiste protéiforme, pour qui le sujet n’est qu’un prétexte à l’expression de la forme et de la couleur.

Saint Sébastien, martyr chrétien sauvé par Irène, est souvent le prétexte d’un travail sur le nu, dont le corps criblé de flèches est parfois représenté au moment où la jeune femme détache son bras de l’arbre auquel il est retenu. Dans sa continuelle recherche de beauté de la forme, inspirée par l’histoire de l’art, Markus Lüpertz crée un corps élancé, dont le bronze conserve les traces de l’utilisation préalable de l’argile travaillée avec force.

Les sculptures de Markus Lüpertz sont indissociables de sa pratique picturale, dans un équilibre nécessaire au peintre. Avec cet artiste, la déesse de la sagesse et de la stratégie militaire ne fait pas que rappeler la statue placée devant l’Académie d’Athènes, représentée la tête de profil, déterminée et portant la toge ; elle évoque aussi le passé coloré des sculptures grecques.

Markus Lüpertz interroge l’histoire de l’art, reprend ses icônes et motifs qu’il conduit d’œuvre en oeuvre au-delà du sujet, tant dans ses peintures que dans ses sculptures et dessins. La Femme à la cruche fait partie de ces thèmes que l’on peut retrouver chez de nombreux peintres, de Vermeer jusqu’à Manet ou Léger.

En continuelle réflexion et recherche, Markus Lüpertz développe certaines formes jusqu’à les altérer, les enfler et les surdimensionner. Le travail sur cette sculpture la conduit à devenir Judith, héroïne juive qui tue le général Holopherne. L’artiste lui assigne un port altier, le bras en avant et la main refermée, suggérant la tête de l’envahisseur brandie à son peuple, comme elle apparaît dans l’iconographie traditionnelle.

Nourri par l’histoire de l’art et particulièrement celle de la peinture dans laquelle il s’inscrit depuis les années 1960, Markus Lüpertz retient des motifs, qu’il réemploie tels des hiéroglyphes pour leur pouvoir expressif, formant un vocabulaire qui lui est propre. La barque du Pauvre Pêcheur de Puvis de Chavannes (1881, musée d’Orsay) se retrouve dans la série Arcadie (voir exposition au musée), accolée à un dos pris chez David. Tel un attribut, elle revient ici dans cette sculpture d’Ulysse pour évoquer son périple raconté dans L’Odyssée d’Homère.

En 2005 Lüpertz reçoit la commande d’un monument à Mozart pour Salzburg et réalise plusieurs études et projets, du dessin (cabinet de l’entresol du musée) à la sculpture. Il part de la figure mouvante et dansante, le pied pointé vers l’avant, pour transcrire l’esthétique du compositeur. Plusieurs œuvres découleront de ses recherches. Dans la version présentée, le buste du compositeur, peint et poudré, est placé sur un corps de femme, tel un assemblage, pour souligner les contrastes qui se rencontrent dans l’œuvre de Mozart.