Exemple | <p>Markus Lüpertz a choisi les lieux où ancrer ses œuvres, dans <b>un dialogue avec l’histoire et l’urbanisme</b>, mais également avec ses sculptures historiques, présentes en nombre dans le tissu urbain. <b>Onze sculptures monumentales</b> ont été disposées dans le centre-ville et au parc Pasteur, au gré d’emplacements autrefois occupés (dans le jardin de l’Hôtel Groslot), d’autres inscrits en contrepoint de monuments existants (sur l’esplanade du musée, entre <i>La Beauce</i> d’André Bordes de 1928 et <i>La Pensive</i> d’Antoniucci Volti de 1984 ; au Parc Pasteur), d’autres enfin jouant dans un chassé-croisé avec le regard du spectateur qui les découvrent au détour d’une rue, d’une arcade ou d’un arbre.</p>
<p>Aux côtés des <strong>figures mythologiques</strong> échappées des peintures (<i>Ulysse I</i> prolonge la série <i>Arcadie</i> montrée au musée des Beaux-Arts), l’artiste a choisi avec le musée <b>deux hommages</b> : <i>Fragonard</i>, qui trouve naturellement sa place sous les arcades de l’institution riche en œuvres du XVIII<sup>e</sup> siècle, et <i>Mozart</i>, initialement réalisé pour la ville de Salzburg, et dont une fonte rejoint le parc Pasteur, au milieu d’autres monuments.</p>
<p><b>Deux sujets religieux</b> s’installent sur le parvis de la cathédrale : <i>Le Berger</i>, qui fait le lien entre l’édifice catholique et la synagogue et <i>Saint Sébastien</i>, qui se fond dans les arbres de la place du cardinal Touchet.</p>
<p>La <i>Femme à la cruche</i> et <i>Athéna</i> se glissent quant à elles dans les cours de l’Hôtel Cabu - musée d’Histoire et d’Archéologie, telles des <b>vestiges archéologiques</b>.</p>
<p><b>MARKUS LÜPERTZ, PEINTURE ET SCULPTURE</b></p>
<p>Depuis 1981, Markus Lüpertz prolonge sa recherche plastique dans le champ de la sculpture, avec une <b>porosité entre les techniques</b> qui le conduit avec une aisance déconcertante à faire dialoguer peinture, dessin et sculpture et qui façonnent son propre monde.</p>
<p>Souvent présentées en pendant de ses peintures dans les expositions qui lui sont consacrées, les sculptures monumentales sont cette fois-ci le point de départ de la rencontre du public avec l’œuvre de l’artiste, qui se prolonge dans un deuxième temps au Musée des Beaux-Arts. La recherche de monumentalité des formes s’exprime dans ces <b>dieux qui envahissent la ville</b> pour en faire l’<i>Arcadie</i> idéale de Lüpertz.</p>
<p>Comme l’ont pu faire Rodin ou Maillol, la pratique de Markus Lüpertz est une <b>succession d’expérimentations et de recherches</b>. C’est d’ailleurs cette admiration pour Maillol qui amena Lüpertz à la pratique du bronze. Envisagées comme une suite logique de ses recherches picturales, les sculptures de Lüpertz se parent de couleurs et renforcent le sentiment que les personnsages de ses œuvres sortent de leur cadre peint, dans un va-et-vient entre la surface plane et notre espace. Lupertz brouille les pistes et conçoit son rôle d’artiste dans la construction d’un univers portant un discours sur l’art-même. Ses sculptures monumentales, qui semblent sorties des tableaux, ne seraient-elles pas dans le même temps préparatoires à ses grandes toiles ? C'est ce que montre l’exposition d’Orléans en invitant les visiteurs à regarder tout d’abord les sculptures avant de découvrir les peintures et dessins au Musée des Beaux-Arts.</p>
<p>En Allemagne, la sculpture monumentale renvoie à un lourd passé que Lüpertz cherchera à dépasser. Comme Rodin, Markus Lüpertz réalise une <b>œuvre fragmentaire, sacrifiée</b>, dont l’aspect non fini est considéré comme un achèvement. Les esquisses, les projets interrompus ou les fragments se concentrent sur la forme pure avant qu’elle ne soit parasitée par le sujet. L’artiste invite à appréhender l’œuvre pour sa <b>force émotionnelle</b>.</p>
<p><b>MARKUS LÜPERTZ DANS LE PARCOURS DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS</b></p>
<p>Après avoir découvert les sculptures dans la ville, la visite se prolonge dans les salles du XX<sup>e</sup> siècle, où l’univers de Lüpertz se déploie dans une <b>galerie spécifiquement conçue</b> pour accueillir ses œuvres et ouvrir sur une autre voie de l’histoire de l’art, en contrepoint des collections.</p>
<p>L’exposition débute avec une série inédite, réalisée pendant le confinement de 2020, <i>Lac de Siethen</i>, qui fonctionne comme une clé de compréhension de l’œuvre de l’artiste. Les cinq tableaux le <i>Lac</i> révèlent le <b>processus pictural du peintre qui part de la forme et de la couleur avant de voir éclore le sujet</b>. De là, découle tout l’univers de Lüpertz, qui né toujours de la <b>pure peinture</b>.</p>
<p>La salle des compositions des années 1997-1998 ramène vers l’essence de la pratique du peintre qui se définit par son médium, comme un artisan travaillant la matière. De cette peinture surgissent des objets qui constituent le vocabulaire familier de Lüpertz : les <b>casques</b> des années 1970 ou les <b>crânes inquiétants</b> hérités des natures mortes du XVII<sup>e</sup> siècle, tandis que l’introduction du <b>paysage</b> annonce déjà ceux de la série <i>Arcadie</i>.
Cette dernière commencée en 2013, incarne, plus que toute autre, le processus créatif de Lüpertz qui travaille de toile en toile, ou plutôt d’œuvre en œuvre, transposant un détail de la toile à la sculpture, qui donne vie à autant de personnages échappés de ses tableaux.
<i>Ulysse I</i>, au parc Pasteur, fait écho à <i>Arcadie - Le monde souterrain</i> ou au <i>Bateau rouge</i>, lui-même emprunté à Puvis de Chavannes, tandis que le dos, motif récurrent de l’univers de Markus Lüpertz, renvoie à Jacques-Louis David. Pour la première fois, ces œuvres sont présentées hors des codes de l’art contemporain, dans la continuité du parcours des collections du Musée des Beaux-Arts d’Orléans, à l’identité marquée par un accrochage dense et coloré. <b>Lüpertz retrouve l’espace et le temps des maîtres qui occupent son imaginaire.</b></p>
<p><i><b>Ce que je peins est un enchaînement de choses. Une peinture conduit vers la suivante. Un détail dans une peinture, un fragment par ricochet peut déjà être le début d’une nouvelle œuvre.</i>Markus Lüpertz</b></p> |